A quelques heures de la deuxième demi-finale de Coupe de France (mercredi 20h), c’est l’effervescence en Alsace autour du club d’Illkirch-Graffenstadden (LF2) qui reçoit Basket Landes dans la mythique salle du Rhénus à Strasbourg. Le président de la SIG Stéphane Weber et la capitaine Louise Dambach y voient une étape importante dans le développement d’un club en pleine ascension.
Ils n’ont quasiment jamais connu cela. Pour Louise Dambach et son président Stéphane Weber les journées sont bien trop courtes depuis que le tirage au sort des demi-finale de la Coupe a offert un match de gala à la SIG. Les sollicitations pleuvent, la billetterie prise d’assaut, l’organisation est gigantesque. Une réception de Basket Landes, tenant du titre. « Je pense qu’elles espéraient aussi tomber contre nous. On a jamais été autant désirés que pendant le tirage au sort » rigole Weber. Un point d’étape important dans l’histoire du club alsacien.
Un club étroitement lié à la SIG masculine
Créée en 1929 d’une fusion de clubs de gymnastique, la SIG avait alors un autre nom. La Sportive Illkirch Graffenstaden a pendant des décennies était porté par sa section masculine. En 1989, la séparation est effective et les garçons filent sur Strasbourg quand les filles restent sur Illkirch. Strasbourg Illkirch Graffenstaden est né, en support de la section masculine. « C’est le même club que les garçons, on est les mêmes licenciés. Mais eux sont une société quand nous nous sommes une association » reprend Weber.
Longtemps, les féminines ont eu du mal à se créer une place dans le paysage sportif strasbourgeois. Il faut dire que les garçons ont longtemps brillé, avec quatre places de finaliste de ProA entre 2013 et 2016 et plusieurs campagnes européennes enthousiasmantes. Mais, les performances de l’équipe de France aidant, le basket féminin a nettement gagné en visibilité dans la seconde moitié des années 2010. Les filles d’Illkirch sont depuis une vraie place forte du basket dans la région.
Jouer au Rhénus mais jouer sa carte à fond
Alors, dès le tirage au sort le club et la ville sont en ébullition. « C’est un match que personne ne veut louper. Ma sœur a déjà négocié pour faire sauter l’entrainement parce que la NF1 et NF2 s’entrainent à ce moment-là (rires). On sent l’engouement » explique Louise Dambach. La poste 3 de 27 ans, quinze ans passés au club, trépigne d’impatience à l’idée de se frotter à une équipe de LFB. « C’est une équipe qu’on suit toute l’année explique-t-elle. On connait les joueuses il y a énormément d’internationales. C’est super chouette de jouer contre elles ». Et puis pas n’importe laquelle puisque c’est Basket Landes, le tenant, qui se présente. « C’est un club à qui on ressemble un petit peu dans l’état d’esprit, l’attachement au club, des gens attachés à leur terroir estime le président Weber. Et puis il y a Céline Dumerc… Pouvoir l’accueillir au Rhénus c’est juste génial ».
« Basket Landes, l’équipe qui nous correspond le plus »
Qui dit grande affiche, dit salle de prestige : pour la troisième fois dans son histoire, la SIG va jouer un match de Coupe au Rhénus. Après Bourges en 2011 et Arras en 2012, les coéquipières de Binta Dramé vont une nouvelle fois investir la salle habituellement réservée aux coéquipiers de Paul Lacombe. Cette fois pas en lever de rideau des garçons comme cela a été le cas les deux premières fois, mais bien sur leur seul nom. En 2012, Louise Dambach était déjà là. Elle ne découvrira donc pas l’atmosphère. « Le Rhénus c’est très grand quand tu rentres et qu’il n’y a personne. J’espère que l’équipe ne sera pas tétanisée ça serait dommage de se brider. On a rien à perdre il faut qu’on joue libérées. On va y aller pour jouer, pas pour être spectatrices ».
Des spectateurs, Dambach et ses coéquipières en auront suffisamment : 5.000 billets ont déjà été vendu avant le jour du match. La fête s’annonce belle mais les joueuses de LF2 entendent bien jouer leur carte à fond. « C’est peut-être l’équipe qui nous correspond le plus, contre laquelle on va peut-être pouvoir le plus s’exprimer analyse le président. Athlétiquement et physiquement c’est peut-être moins dense que les deux autres équipes. Ça peut donner un plus beau match avec plus de jeu que si on avait joué Villeneuve d’Ascq ou l’ASVEL ».
Le parcours en Coupe est-il trompeur ?
« Bien sûr que dans notre intérêt sportif, en jouant dans notre petite salle on aurait peut-être eu un petit pourcentage de chance en plus de gagner. Mais une demi-finale de Coupe au Rhénus c’est super » embraye Stéphane Weber. La SIG connaît l’importance d’évoluer à domicile. Sur son parcours en Coupe cette saison, le club alsacien a reçu à trois reprises (Calais, Landerneau et Monaco) pour un seul déplacement (Le Poinçonnet en huitièmes). Ce qui fait dire à son président qu’il n’a pas été malchanceux aux moments des tirages. « Les filles méritent cette demi-finale après on est conscient qu’on a eu un parcours plutôt favorable. Landerneau était très mal à ce moment-là, on a un déplacement mais chez un club de NF1. Mais il faut quand même les gagner ».
Il est vrai que pour la première fois dans son épopée, la SIG va se frotter à un cador de LFB. Bien qu’en difficultés en Euroligue, le club landais est sur une bien meilleure dynamique ces dernières semaines en championnat. Dans ses affaires courantes, la SIG est dans le dur. Cinq défaites sur les six derniers matchs, les coéquipières de Dambach avaient-elles déjà la tête à la demi-finale ? « La priorité pour nous et le club ça reste le championnat » tempère-t-elle. « L’objectif est de se qualifier pour les playoffs. On est un petit peu en retard sur notre plan de route » ajoute son président. 9e avec 26pts, la SIG n’est qu’à quatre points du podium.
« Le danger peut venir de partout offensivement explique Dambach en parlant de son collectif. Tout le monde est capable d’apporter. En défense on a une bonne densité physique. On arrive à plus tenir sur cet aspect et je pense que c’est dû au fait d’avoir plus de joueuses professionnelles. On défend de plus en plus collectivement ».
Un club sur la voie du professionnalisme face à un grand d’Europe
Le professionnalisme est justement bien souvent une condition sinon suffisante au moins nécessaire à l’ambition pour un club de LF2. Et depuis plusieurs saisons, le club de la banlieue strasbourgeoise a initié le mouvement. « Ça fait quelques années où on fait des bonnes saisons. On atteint des places qui n’étaient pas forcément attendues au début. Les gens ont forcément envie de venir plus nous voir. Et puis ça donne aussi envie aux clubs de la région de venir voir du basket féminin » indique la capitaine. Maitresse d’école le jour, joueuse de basket le soir, Louise Dambach jongle entre deux vies mais illustre à merveille l’ambition du club.
« Les enfants savent que je joue au basket, certains sont déjà venus voir des matchs sourit-elle. Mais ils ne se rendent pas compte de la difficulté que ça peut être de combiner les deux. Ça fait des emplois du temps très chargés. Je ne vais pas dire que c’est pas dur mais ça nécessite une organisation ». Avec sept joueuses sous contrat professionnel, contre deux il y a encore quatre ans, la SIG progresse à vitesse grand V. « On essaie aussi de développer l’aspect administratif du club. L’enjeu c’est la livraison de la nouvelle salle, attendue début 2025. La montée en LFB se lie à ça. On veut monter en Ligue à très court terme ».
A l’image de Stéphane Weber, l’ambition est là. Comment en être autrement, avec la SIG masculine juste à côté ? « J’ai grandi en même temps que le club. Ça se professionnalise de part les exigences sportives mais aussi tout ce qui est mis à côté en place par les dirigeants pour répondre aux exigences du plus haut niveau » se souvient Dambach. Ainsi, la salle actuellement occupée par les filles du coach Fabien Kaerlé constitue un « frein au développement » du club selon le président. Ce mercredi, le soucis sera (temporairement) réglé.
Le soucis potentiel pour la SIG, tomber sur un Basket Landes surmotivé premièrement par la défense de son titre et deuxièmement par son envie d’atteindre une finale au cœur d’une saison difficile. Surtout, « BL » compte dans ses rangs Céline Dumerc qui, pour ses (probables) derniers matchs professionnels aura surement très à cœur de terminer à minima sur une finale. Avec quatre victoires sur six les derniers rendez-vous de LFB, les filles de Julie Barennes ont sorti la tête de l’eau.
« Montrer que l’on peut rivaliser avec une LFB »
Pour la SIG, l’enjeu sera de jouer sur ses qualités pour croire le plus longtemps possible à l’exploit. « La L2 c’est un très bon niveau et on veut montrer que l’on peut rivaliser sur certains points ou sur un certain laps de temps avec une équipe de LFB » affirme la capitaine. Sans véritable star et avec un scoring et un temps de jeu répartis, le collectif alsacien aura vraisemblablement des atouts à faire valoir. L’influence de l’Américaine Victoria Harris à l’intérieur accompagnée de Dramé et Dambach au shoot sera déterminante si la SIG veut croire à l’exploit.
Ce mercredi à 20h, ce sera en tous cas la fin de trois semaines d’intenses préparatifs pour Weber et tout un club. « J’ai pris 5 ans en une semaine se marre le président. On rentre dans une autre dimension. C’est très difficile et intense mais à la fois très excitant. On a pas trop l’habitude de tout ça mais c’est positif ».
Qui pour rejoindre Lyon : un exploit des Alsaciennes ? Une deuxième finale de suite pour les Landaises ?
Illkirch Graffenstaden / Basket Landes – 20h au Rhénus de Strasbourg.