Vainqueurs de leur deuxième Women’s Series de la saison, les Françaises bouclent un premier cycle estival réussi par ce succès dans la cité phocéenne.
Dans le quotidien routinisé et itinérant d’une joueuse de 3×3, un succès n’est jamais anodin. Ce vendredi soir de longues minutes après leur victoire en finale face à la Pologne (21-11), les filles de l’Equipe de France pouvaient laisser retomber la pression. Sur les marches à l’extérieur du Palais des Sports de Marseille, Marie Mané, Myriam Djekoundadé, Hortense Limouzin, Marie-Eve Paget et le staff partageaient leurs repas avec la satisfaction du devoir accompli. Quelques minutes plus tôt, elles avaient brillamment battu les Polonaises en finale pour conclure une journée harassante.
Un accroc en première journée
Vendredi, les filles coachées par Yann Julien débarquaient à Marseille avec la ferme intention de briller devant le public français, une semaine après la quatrième place à Orléans. Après une entrée en matière passée sans encombre face à l’Azerbaïdjan (21-9), les Bleues se sont faites surprendre par la Pologne dans un match cadenassé et défensif (12-13). Pourtant les Françaises avaient effectué une excellente entame (8-3) avant de subir l’adresse à deux points d’Anna Pawłowska et ses coéquipières. Surprises, les tricolores n’avaient ensuite pas le droit à l’erreur face à la Malaisie. Vainqueurs 21-4, elles s’assuraient un quart de finale le lendemain en guise de match d’appui.
Une deuxième journée parfaite
Samedi, la journée commençait plus tôt que prévu avec un explosif France/Espagne pour savoir qui allait rejoindre le Portugal en 1/2. Au terme d’un énorme combat, ce sont les Françaises qui s’en sont sorties (20-17). Face aux portugaises, la rencontre n’était pas moins disputée et dans laquelle les Bleues étaient même menées dans la dernière minute. Mais les deux derniers paniers de Djekoundadé et Limouzin ont été salvateurs. « On a eu ces deux match accrochés notamment contre l’Espagne où on met un peu de temps à se libérer nous explique Yann Julien. La demi-finale a été âpre et la finale plus maitrisée. On appréhendait beaucoup de devoir faire trois matchs en deux heures et demie. On savait qu’à un moment cela allait être au-delà du basket, qu’il fallait aller chercher une espèce d’énergie mentale pour terminer en beauté ».
En finale, les coéquipières de Marie-Eve Paget retrouvaient la Pologne. « On était assez frustrés de perdre contre la Pologne en match de poule reprend le sélectionneur. On avait à cœur de rétablir la barre ». Pour cet acte 2, aucune chance n’a été laissée aux Polonaises, surclassées en finale. Les tricolores ont fait fi d’une journée physiquement très exigeante, dans la lignée des dernières semaines. « Ce n’était pas un tournoi facile souffle Paget. On a dû dépenser beaucoup d’énergie, passer par un match supplémentaire. Mais heureusement on a été portées par tout le public marseillais ».
L’atmosphère brulante, au propre comme au figuré, lors de la finale a probablement aidé les Françaises a se surpasser. « On bénéficie de filles à l’état d’esprit remarquable savoure Julien. On avait beaucoup de fatigue on a enchainé beaucoup d’évènements on vient de finir ce premier bloc de l’été. Mais on en est conscient, ce qui nous permet de faire ces petits efforts supplémentaires pour aller chercher ce supplément d’âme ».
Surtout, cette victoire est agrémentée d’une saveur particulière pour les quatre filles. « Physiquement on en a bavé avoue « MEP ». Mais on a su rester toutes ensembles pour chercher les ressources physiques et mentales. Quand on est en France on veut encore plus gagner, ça a une saveur particulière de partager ça avec le public. Mimi (Djekoundadé ndlr) c’est son premier WS qu’elle gagne, en plus MVP. Marie elle est dans la continuité elle est sur un 2/2, Hortense pareil. Et moi c’est mon premier WS gagné depuis un an et demi donc il a une saveur un peu particulière aussi ».
Recherche de régularité, à tous points de vue
Avec un programme surchargé où deux étapes se disputent chaque semaine ou presque, en gagner une donne un vrai bol d’air mental mais aussi comptable pour l’Equipe de France. Ce succès donne 100pts aux Bleues qui leur permet de grimper à la troisième place mondiale. Pour le moment, la régularité sur les résultats est présente. Sur les 8 premières étapes de la saison déjà déroulées, les filles de Yann Julien en ont disputées trois (Clermont, Orléans et Marseille) avec deux victoires et une quatrième place.
Cela s’explique aussi par « un fond de jeu qui est solide selon le sélectionneur. Les filles se sont vraiment appropriées ce basket-là qui leur va très bien. On a un groupe de 12 joueuses où l’on a besoin de toutes mais on essaie d’avoir une base qui se spécialise. Ce n’est pas possible de passer du 5×5 au 3×3 en un claquement de doigts ça n’existe pas ». La régularité dans l’effectif, donc, pour affiner les automatismes et fluidifier les relations. Or pour cela les filles ont besoin de passer le cap du professionnalisme. « Toutes les nations qui performent, on le voit chez les garçons et ils nous donnent l’exemple, ce sont celles qui se spécialisent. Il n’y a pas de secret » lance le sélectionneur.
Enfin, une régularité hors terrain est également recherchée. La création d’un groupe de joueuses professionnelles pour la préparation des Jeux de Paris est une première étape. Yann Julien développe. « Il y a un soucis économique pour que ce soit complètement viable économiquement pour les filles. Aujourd’hui on a vraiment construit un projet pour les JO. Bien sûr on souhaiterait que cela continue après mais il faudrait deux éléments : des compétitions internationales de haut niveau tout au long de l’année et puis des partenaires qui sont prêts à vraiment s’investir dans le 3×3 féminin. Quand on voit comment ça peut plaire au gens je me dis « qu’est-ce qu’ils attendent ? ». Pour l’entraineur tricolore, un investissement plus intense des institutions du basket international et des acteurs économiques français est essentielle pour poursuivre la progression des Equipes de France.
En attendant, place au repos pour les quatre Bleues vainqueurs à Marseille. « Repos jusqu’à Bordeaux (19&20 juillet) au moins respire Paget. Je pense qu’il y aura quelques personnes de Basket Landes qui feront le déplacement donc je serais contente de voir un peu de supporters ».
Dès ce samedi, les Bleues ont quitté Marseille, sans s’éterniser. C’est l’exigence du 3×3 : profiter vite avant de basculer tout aussi rapidement sur la suite.
A Marseille, Thomas Palmier