Juliette est la kinésithérapeute de l’équipe féminine de Lyon, elle a obtenu en 2016 son diplôme d’état à l’IFMK de Strasbourg suivi de la formation Kinesport expert permettant l’exercice de la spécificité kinésithérapie du sport.
Avant de rejoindre Lyon, elle a collaboré avec la SIG Strasbourg entre 2014 et 2016 puis au Racing Club de Strasbourg, dans le cadre de sa formation.
Nous avons la chance d’avoir pu nous entretenir avec elle. Dans cet entretien nous découvrirons un peu plus son rôle et ses missions au quotidien.
- Son rôle au sein du club
- Travail sur la récupération
- Zoom sur Alysha Clark
- Juste Jocyte et sa jeunesse
- Sport Féminin et sport masculin
- Pourquoi Lyon ?
- Déjà titrée
- La question strapp
Rôle au sein de LDLC ASVEL Féminin
Benoît Minot : Quelle est ta semaine type, ton rôle au quotidien ?
Juliette Barloy : Nous avons une rencontre le samedi/dimanche et selon le calendrier une rencontre européenne en semaine. Deux entraînements quotidiens, une séance le matin et l’après-midi. J’arrive avant pour les soins éventuels.
Durant la séance, j’ai un œil attentif, afin d’intervenir à tout moment si besoin, nous devons être réactifs avec le médecin. Dès la fin de l’entraînement, ce sont des soins de récupération.
Kiné à l’écoute
Lors des déplacements, ces soins se font à l’hôtel. Disposant d’un bureau dans l’enceinte de Mado Bonnet, ma porte est toujours ouverte pour les joueuses. On parle de tout, j’ai un rôle d’écoute.
Ce métier, c’est beaucoup de psychologie. Cependant, je ne donne jamais d’avis sur le côté basket pur.
Soins prodigués
Les soins sont essentiellement des massages, des bains d’eau froide. La saison passée, nous faisions appel à un camion cryo.
Un bassin à froid est présent à la Tony Parker Adéquat Academy. Comme le club se structure petit à petit, nous sommes dotés cette année d’un dôme infrarouge et un bain est en projet dans l’enceinte même de Mado Bonnet.
Soutien administratif
J’ai également une fonction administrative. Ayant à proximité le centre de rééducation Santy, je m’occupe des rendez-vous pour les examens médicaux, IRM, rendez-vous podologue, ostéopathe naturopathe… Je dois remonter les informations. C’est un vrai travail d’équipe. C’est également moi qui gère le stock pharmacie.
Gérer la récupération
BM : Cette saison avec l’EuroLeague Women en plus, les longs déplacements, comment bien gérer la récupération ?
JB : C’est surtout essentiellement des massages, de la cryothérapie, de l’infrarouge. Avec le naturopathe, on utilise également de la spiruline en préventif. Mais selon moi, bien manger et bien dormir sont bien avant les soins un aspect fondamental.
Comme les joueuses sont demandeuses et à l’écoute nous les conseillons avec le préparateur physique.
Focus sur le cas d’Alysha Clark
BM : Lors de la blessure d’Alysha Clark, vous deviez être en contact avec le staff du Seattle Storm ?
JB : Oui tout à fait mais pas uniquement lors de sa blessure.
Il est vrai que nous n’avons pas encore les infrastructures d’une équipe WNBA mais nous travaillons en collaboration avec eux, même si certaines méthodes et les moyens techniques sont différents, nous travaillons avant tout pour le bien-être et la performance de la joueuse.
Les rapports sont excellents tout comme ceux que nous avons avec les staffs des équipes nationales.
Sport Féminin vs sport Masculin
BM : Lors de ta formation, tu as également travaillé avec des équipes masculines, alors : plus facile les hommes ou les filles ?
JB : Je dirais essentiellement pour le côté pratique (vestiaire…), les filles. Autrement pour moi un homme, une femme ou un enfant, ce sont les mêmes patients. Les filles parlent peut-être un peu plus.
Même en 2020, une kiné femme dans une équipe masculine cela peut ne paraître pas un choix évident, encore un peu de travail pour faire évoluer certaines mentalités.
BM : As-tu déjà échangé avec d’autres kinés comme celui de l’Olympique Lyonnais ou du LOU rugby par exemple ?
JB : Non, pas encore. C’est un peu un regret. Je ne suis arrivée qu’il y a un an et demi, c’est dans mes projets.
Il m’est arrivée sur un cas précis de demander conseil à mon homologue de la section masculine de LDCL ASVEL.
J’ai participé aux journées médecine FFBB, c’était pour moi très intéressant.
La jeunesse de Juste Jocyte
BM : As-tu déjà travaillé avec Juste Jocyte ? Son âge demande-t-il une attention particulière ?
JB : Même si elle est hébergée à la Tony Parker Adéquat Academy et qu’elle s’entraîne avec les joueuses du Centre de formation, elle est considérée comme une joueuse du groupe pro.
De part son âge, on fait un peu plus attention à elle mais au niveau des soins, pas de modification. Elle est déjà très sollicitée en tout cas.
BM : Tu t’occupes également des équipes jeunes ?
JB : Non, uniquement de l’équipe professionnelle mais comme nous faisons appel à 2 ou 3 joueuses du Centre de formation, elles entrent dans mon périmètre d’action.
Pourquoi Lyon ?
BM : Comment es-tu arrivée à rejoindre Lyon ?
JB : C’est une sacrée histoire !
En janvier 2018, j’ai proposé mes services auprès d’équipes de basketball, de football de rugby. Bref, j’ai ratissé large.
J’ai reçu une réponse négative de l’équipe de Tarbes, ils n’avaient malheureusement pas le budget pour recruter une kiné à temps plein.
En mars, lors d’une rencontre entre François Gomez (entraîneur de Tarbes) et Marie-Sophie Obama (présidente déléguée LDLC ASVEL Féminin) et Olivier Ribotta (directeur sportif LDLC ASVEL Féminin) – Lyon cherchait à étoffer son staff médical – François Gomez a alors glissé mon nom.
Comme quoi, parfois une carrière peut se jouer dans des moments comme cela.
Ayant côtoyé la SIG durant ma formation, Tony Parker a alors contacté Vincent Collet pour se renseigner sur moi. Il était satisfait de mon investissement bénévole.
J’ai ensuite eu un entretien avec la direction pour finaliser mon arrivée. Forcément, un moment fort pour moi.
Déjà un titre
BM : Quel est ton meilleur souvenir ?
JB : Le titre bien entendu, mais au-delà de ça, c’est surtout la fierté du devoir accompli.
En signant ici, c’était une nouvelle vie, une nouvelle ville, forcément quelques moments de doute, mais cette médaille vient en récompense de tout mon investissement passé.
BM : Pour terminer notre entretien une dernière question :
Combien de kilomètres de strapp sur une saison ?
JB : (rire) Alors ça, aucune idée ! En tout cas, moins que la saison passée ! J’espère que cela va continuer.
Encore merci à Juliette pour sa disponibilité. Nous avons ainsi pu mettre en lumière sa fonction qui est essentielle pour la performance des joueuses de notre championnat.
Nous lui souhaitons une bonne deuxième partie de saison.