PORTRAIT – Depuis 2011, « Bshop » est le magasin de référence pour les nordistes adeptes du lifestyle basket. Avec cette réussite et ses nombreux projets, la marque espère bien s’imposer au niveau national. Portrait de son fondateur Guillaume Szaszczak.
Une canette de Monster et il repart pour deux heures. Au départ, il était hésitant à l’idée de se raconter et parler de son bébé. Mais son beau-frère Vincent Fauché, membre de l’équipe 3×3 Paris, l’a convaincu. A l’étage de son Bshop (Basketball Shop), avec NBA Extra en fond, évidemment, Guillaume Szaszczak contemple avec fierté sa réussite. Autour de lui, 900m² consacrés uniquement au basket, rue Gambetta, en plein cœur de Lille.
Il était certes en retard mais pendant trois heures, le fondateur de Bshop a pris le temps de dérouler le fil de ce projet. Cette réticence à l’idée de parler de soi tranche avec le personnage. Guillaume Szaszczak a construit le magasin à son image. « J’ai pas de limites, c’est mon magasin. On fait ce qu’on veut. Si on veut faire des graffs sur les murs, si on veut tutoyer les gens on le fait ». Sans complexe ni barrières, le natif de Marck près de Calais est aujourd’hui à la tête d’un magasin qui compte dans le paysage du basket français. Avec une dizaine de salariés et une base de plus de 20.000 clients, Bshop s’est forgé une réputation.
Un temps très porté sur le rétro et la vente de produits rares, le magasin s’est depuis orienté vers le lifestyle au sens large. « C’est pas un magasin de basket en fait, il voulait créer un univers américain donc il a pensé à tout explique Vincent Fauché. Quand on rentre à Bshop on rentre pas dans un magasin lambda. C’est ce qui fait sa renommée ». Lieu atypique, avec un terrain de 3×3 en plein cœur du magasin, Bshop propose aussi bien des baskets et des jerseys que de la nourriture ou de la bureautique.
Une carrière pro dont il se sert aujourd’hui
Enfant turbulent, Guillaume a très vite été orienté par ses parents enseignants vers le basket. Après deux ans en minimes France à Gravelines, le Nordiste rejoint le CREPS de Wattignies avant d’intégrer l’INSEP à 17 ans avec en ligne de mire l’Euro Juniors 2000. A Zadar en Croatie, au milieu des Parker, Turiaf, Diaw et Piétrus, Guillaume Szaszczak devient champion d’Europe. Un titre qui lui ouvre quelques portes avec un premier contrat pro à Gravelines puis une expérience en ProB à Saint-Etienne avant de rejoindre le Portel avec lequel il est monté en ProB.
Arrière shooteur et créateur, Guillaume a glané deux médailles européennes avec les sélections jeunes. Un passé d’international mais aussi en club avec quelques matchs européens à son actif qui lui donnent une légitimité non négligeable dans son business mais qui est surtout le point de départ de Bshop. Le constat est clair, « je suis basketteur mais je n’arrive pas à trouver de chaussures. Alors qu’est-ce qu’on fait, on commande aux USA, on est pas sûrs de les recevoir, on paie des taxes de fou ».
En 2011, encore joueur en ProB, il ouvre un premier magasin à Boulogne. « 50m2, pas de réserve, dans une rue sans parking » se rappelle-t-il en rigolant. Sans réelle offre concurrente et fort de son réseau, le succès est fulgurant. « On a de la chance on est une niche. Je vois plein de magasin qui ferment parce qu’ils ont trop de concurrence. Nous on a deux critères : on va où il n’y a pas d’offre et où il y a une population basket ». Après avoir créé une société d’événementiel et quelques années comme surveillant de lycée, il consacre son après carrière au basket.
De 50 à 300m², sans réelle concurrence, Bshop prend de l’ampleur à Boulogne mais Guillaume se sent rapidement à l’étroit. Déménager à Lille sonne comme une évidence, même si un commercial Nike a nettement accéléré le processus. De 9 paires de chaussures à Boulogne à 40 aujourd’hui, la success-story Bshop s’appuie sur le vécu de son fondateur. Autour de lui, Guillaume Szaszczak a fédéré une dizaine de basketteurs, plutôt orientés sur le 3×3, qui partagent son ADN. « Quand j’étais basketteur j’étais extravagant. J’ai retranscris ma personnalité dans l’entreprenariat ».
« C’est un ancien basketteur il connait le monde dans lequel on vit explique Caroline Hériaud. Il sait que des fois on a des moments de moins bien, il a toujours l’attention qu’il faut. Une personne rayonnante. Il nous comprend, il vit le truc avec nous ». Pour la meneuse de Villeneuve d’Ascq (LFB) qui participe au circuit 3×3 l’été, la convivialité et la bonne humeur prônées par Guillaume ont été décisives dans son choix. « C’est une crème. Il a été super gentil avec moi dès le début, toujours à l’écoute en cas de besoin explique Emma Peytour qui évolue à Chartres (LF2) et membre de la team. Toujours présent, un petit message avant les matchs, il aime ce qu’il fait ça se sent ».
Avoir joué au plus haut niveau donne à Guillaume une crédibilité face aux athlètes d’aujourd’hui sur un plan purement basket mais aussi sur tout l’extra-sportif. « Il est toujours à notre disposition reprend Hériaud. La dernière fois il est venu voir mon match contre St Amand et m’a offert ma figurine qui fait ma taille et plein de tee-shirts. Il m’avait pas prévenu (rires) c’est énorme. Bshop fonctionne comme un sponsor, Guillaume est à l’écoute de tout. Dès qu’on a un besoin il est là. C’est très agréable, c’est sans prise de tête ».
« Humainement c’est un gars en or, très attentionné qui fait passer le bonheur des autres avant le sien ajoute Vincent Fauché. Il veut faire plaisir et ça se sent. C’est un mec qui a de l’ambition, il a cette mentalité de ne jamais rien lâcher ».
Bshop, une « famille »
Née presque par hasard alors que l’équipe de Vincent Fauché s’était retrouvée sans nom avant un tournoi, la team Bshop représente aujourd’hui ce que veut faire ressortir son fondateur. « Il y a des moments où les athlètes ont des périodes de doute revendique l’intéressé. Je veux que l’esprit Bshop les aide à penser à autre chose et donc être plus performants. Je suis pas un agent mais ça m’intéresse d’aider car je n’ai pas pu l’être moi. Mon objectif c’est que des athlètes qui méritent d’être mis en avant le soit par des marques ». Cet esprit « famille » avec les athlètes lui sert à « créer une dynamique » qui à terme pourrait être utile à son magasin. « L’idée c’est de dire Team Bshop et Bshop c’est pareil, on représente le magasin, un état d’esprit. Je suis pas là pour que les athlètes me fassent vendre ».
La « famille » semble faire partie du quotidien de Guillaume Szaszczak. Déjà parce que sa femme travaille avec lui, que son beau-frère l’accompagne dans son développement et que son fils est plongé dans l’univers basket. Mais aussi dans sa relation clients. « Le magasin c’est la convivialité, la famille. Quand les gamins viennent on discute avec eux de leur match du week-end. Ça toujours été ça, dans notre manière de parler sur les réseaux sociaux, d’accueillir les gens, d’organiser des évènements. La vie de famille et du magasin sont liées » résume-t-il.
Perfectionniste, l’ancien joueur de Gravelines a appris sur le tas les codes de l’entreprenariat. Rien ou presque ne le prédestinait à ce secteur. L’arrivée à Lille en 2017, avec le magasin à Boulogne en parallèle (fermé depuis) l’a obligé à appréhender la gestion de stocks, des commandes, mais aussi d’une équipe. En 2019, des tensions en interne mettent un premier frein à son développement. Pendant quelques mois, il hésite à fermer, peut-être avait-il vu trop grand. Malgré le Covid, les clients restent. Encore aujourd’hui, la baisse du pouvoir d’achat pourrait freiner l’activité.
Mais Bshop, avec une grande majorité de produits de luxe, attire une clientèle ciblée. Avec un panier moyen autour de 110€, 22% des clients représentent 80% du chiffre d’affaires. « A Bshop tu sais que tu vas dépenser de l’argent mais avec le sourire » sourit celui qui a côtoyé « TP ». Une fidélité qui s’étire depuis plus de dix ans désormais et sur laquelle espère bien capitaliser le Nordiste.
Créer bien plus qu’un magasin
Sur les trois années à venir, Guillame Szaszczak espère posséder quatre ou cinq magasins. D’ici les toutes prochaines semaines, un deuxième magasin va déjà ouvrir ses portes. 800² entièrement consacrés au basket, avec notamment des terrains de 3×3 à l’intérieur.
Echanger avec le fondateur de Bshop c’est surtout prendre en pleine face ces innombrables projets. A 41 ans, il n’en finit plus d’innover, créer, surprendre. « Il est perfectionniste, il va chercher tous les petits détails qui vont faire l’effet « whouah », que c’est un magasin pas comme les autres » explique Vincent Fauché. Et comme gérer un magasin ne semble pas lui suffire, l’entrepreneur cherche d’autres endroits où s’amuser.
Sponsoriser des athlètes donc, mais aussi jouer l’intermédiaire entre eux et des marques. Récemment, il a fait l’entremetteur entre une marque en recherche de visibilité pour les JO 2024, New Balance, et Alex Vialaret cadre de l’EDF 3×3. Il a déjà donné dans le sponsoring de clubs comme au Portel ou à Boulogne, mais dit ne pas y avoir trouvé suffisamment d’intérêt. Touche à tout, curieux, Guillame Szaszczak a conservé son âme d’enfant fan de basket. « La vie c’est fait de plaisirs, si tu peux rencontrer des gens, aller voir un match, faire plaisir à des gamins ce sont des choses qui te font te sentir bien ».
Les projets, il n’en manque pas. Il vient de lancer une box NBA, il a mis au point un nouveau produit inédit et bientôt disponible à Bshop, il planche sur les sites des futurs magasins. Bref, l’empire Bshop semble n’en être qu’à ses balbutiements. Surtout, quand il évoque avec gourmandise les tournois de sa jeunesse et notamment l’Adidas StreetBall, il se dit qu’un évènement de ce type manque aujourd’hui. Il réfléchit à monter un tournoi à son image, dans la bonne humeur « avec un barbeuk », des joueurs avec des maillots Bshop, des accès à des paires exclusives.
Bonne ambiance et Bshop, Caroline Hériaud fait tout de suite le rapprochement. « Cet été sur le circuit 3×3 Guillaume avait loué une maison avec sa famille et celle de Vincent [Fauché], on avait fait une grosse soirée avec toute la team hyper bonne ambiance, c’était chaleureux sans prise de tête ». Guillaume s’en rappelle. Le sourire illumine son visage au moment de raconter cette soirée autour « d’un babyfoot et de quelques pizzas ». Businessman à succès, entrepreneur 24h/24, Guillaume Szaszczak semble avant tout attiré par les rencontres et les moments de partage que son métier lui offre. Tout en simplicité, à son image.
Tous propos recueillis par Thomas Palmier
La team Bshop c’est une équipe de neufs athlètes qui partagent les valeurs du magasin et de se fondateur. Guillaume Szasczak les qualifie comme « un peu nos ambassadeurs » : Vincent Fauché, Lorenzo Thirouard-Samson, Paul Djoko, Caroline Hériaud, Emma Peytour, Sixtine Macquet, Marie Mané, Victoria Majek, Marie-Michelle Milapi
Fauché Jean-Charles
Très bel article qui nous touche sincèrement par votre Professionnalisme et la qualité du contenu mais aussi par les liens familiaux que nous avons avec Guillaume et notre admiration pour tout ce qu’il entreprend en tant qu’entrepreneur et le plaisir qu’il a de faire plaisir aux personnes qui l’entourent… Jcf et kiki les « beaux » Parents… lol
Anthony Caron
Un magasin au top dans lequel je prend toujours plaisir d’aller faire un tour quand je remonte dans le nord pas de calais
Guillaume et tout l’équipe sont de vrai passionnés du basket avec qui il est plaisant de discuter
Hâte d’être à cet été et de voir la team b shop sur le circuit 3×3.
Sibylle Evrard
Très belle article, c’est vraiment ce qu’on ressent en entrant dans Bshop…la magie dans les yeux pas seulement dans ceux des enfants mais aussi des fans de basket. On ressent cette esprit de famille, discussion, échange avec l’équipe de Bshop pour des conseils toujours intentionnés et bienveillants sur l’utilisation des baskets et ressentis avec la superbe possibilité d’essayer sur le parquet. On reviendra régulièrement au plaisir de visiter les nouvelles boutiques.