Septembre 2006, la Chorale de Roanne entame sa 5ème saison en Pro A, un exercice particulier puisqu’avec la réduction de l’élite de 18 à 16 équipes, pas moins de 3 formations seront reléguées en fin de saison.
Forte d’une saison 2005-2006 conclue à la 9ème place synonyme de participation aux playoffs, la Chorale de Roanne vise une place dans les 8 premiers malgré le 14ème budget et la 15ème masse salariale du championnat.
L’équipe coachée par le duo Jean-Denys Choulet & Fred Brouillaud a réussi à conserver une belle ossature avec le duo US : Dewarick Spencer & Aaron Harper, le jeune meneur Marc-Antoine Pellin, l’international Malien Modibo Niakaté, le prospect Adrien Moerman et le capitaine Pape Badiane. En plus de ces 6 joueurs restants, le staff Choralien enregistre le retour de Laurent Cazalon, déjà passé au club de 2000 à 2004, ainsi que les arrivées de l’intérieur en provenance de Rouen William Soliman, du meneur Nigérian Tony Skinn et de Marc Salyers, poste 4 US déjà vu en France à Pau-Orthez et Gravelines, afin de remplacer Mike Bauer parti jouer l’Euroleague avec l’Elan Béarnais.
- Préparation d’avant saison
- André Vacheresse quasi-imprenable
- Semaine des As
- Confirmation
- Playoffs
- Année historique
- Hommage à Pape Badiane
Une prépa loin d’être optimale
La préparation est un peu chaotique, la faute, entre autres, au rendement insuffisant de Tony Skinn qui sera finalement coupé avant le début du championnat.
Après avoir essayé de signer Donald Copeland qui finalement s’engagera avec le Paris Basket Racing, la Chorale de Roanne entame la saison avec le seul Marc-Antoine Pellin à la mène.
Ce qui semble, au départ, comme un choix par défaut s’avèrera comme déterminant dans la suite de cette saison.
La Halle André Vacheresse quasiment imprenable
La Chorale débute le championnat par 4 probants succès à Strasbourg (74-77), face à Gravelines (87-83), à Bourg-en-Bresse (64-92) puis face à Reims (93-74). Le match de la 3ème journée dans la mythique salle Amédée Mercier de la JL Bourg rentrera même dans les annales de la LNB puisque les Choraliens entameront la rencontre par un 0-28 historique !!
Après ces 4 victoires initiales, les boys de Jean-Denys Choulet se déplacent à l’Astroballe pour un choc entre coleaders. Pour l’une des rares fois durant ses 2 années sous la tunique Roannaise, Marc Salyers passe au travers n’inscrivant qu’un point et la Chorale s’incline face à l’ASVEL Lyon-Villeurbanne 81-77.
Les mauvaises langues diront que la Chorale 2006-07 n’était qu’un feu de paille. Le terrain prouvera le contraire.
Les Choraliens enchaîneront alors avec 6 succès consécutifs contre Orléans (101-75), à Hyères-Toulon (93-103), face au Mans, champion de France en titre, (93-76), face au Paris Basket Racing (94-79), à Pau-Orthez (81-94) et face à Besançon (93-88).
Entre temps, le staff a complété le groupe par le meneur Canado-Italien Domenico Marcario, en rotation d’un Marc-Antoine Pellin ayant prouvé qu’il avait l’étoffe d’un poste 1 titulaire. La presse prend alors peu à peu conscience que cette Chorale version 2006-07 a tout du parfait outsider.
Pour la 12ème journée du championnat, les Roannais se rendent à Gentilly pour un choc entre leaders face au SLUC Nancy. Dans une affiche qui deviendra par la suite un classique de la Pro A, les Cougars d’imposent 90-77 mais, au terme de cette empoignade, Jean-Luc Monschau, le coach Lorrain déclarera : « Pour faire un bon match, il faut être 2 et ce soir nous avons vus 2 belles équipes ».
Après 2 autres défaites face à Dijon (84-85 sur un shoot au buzzer de Maleye N’Doye) puis à Cholet (90-87), la Chorale reçoit l’Elan Chalon pour un choc entre les 2 belles surprises de la saison devant les caméras de TPS Star. Dans une des plus belles rencontres de la saison, JDC et ses hommes l’emporteront au buzzer sur un shoot de Marc-Antoine Pellin. Cette victoire 85-83 après 3 défaites consécutives prouvent, s’il était encore nécessaire, que cette équipe a de la ressource et ne compte pas lâcher du terrain sur qui que ce soit.
Après 2 nouveaux succès au Havre (69-72) puis face à Clermont-Ferrand (74-68), la Chorale boucle la phase aller à la 2ème place avec un bilan de 13 victoires et 4 défaites et valide ainsi son billet pour la semaine des As. Malgré une lourde défaite à Gravelines (83-66) pour entamer la phase retour, la Chorale enchaîne sur 2 succès face à Bourg-en-Bresse (87-76) puis à Reims (75-89) avant de prendre la direction de Nancy pour participer à sa première semaine des As depuis son retour en Pro A.
Un premier trophée 48 ans après le précédent
Opposés à la JDA Dijon en 1/4 de finale, les Roannais ont l’occasion de prendre leur « revanche » sur la seule équipe étant venue gagner à Vacheresse en championnat. Portée par Marc Salyers dont la crête façon iroquois fait sensation, la Chorale l’emporte 98-85.
En 1/2 finale, les boys de JDC ont là aussi rendez-vous avec une équipe qui les avaient dominés en championnat, l’ASVEL Lyon-Villeurbanne. Dans une rencontre à sens unique, les Roannais s’impose 85-62 s’ouvrant ainsi les portes de la finale.
Alors que l’on pensait que les Roannais croiseraient le fer avec le SLUC Nancy, hôte de cette semaine des As, c’est finalement face au Mans, tenant du titre, champion de France en titre et tombeur du SLUC en demi (78-70), que le trophée se jouera. Au terme d’une belle empoignade, autant entre les joueurs qu’entre les coaches (Vincent Collet et Jean-Denys Choulet se livreront en effet un sacré duel sur le banc), les Roannais s’adjugent la victoire 87-82 garnissant l’armoire à trophées du club d’un premier titre depuis 48 ans !
Marc Salyers, logiquement élu MVP du tournoi déclarera après la rencontre : « Notre objectif est de gagner également le championnat ». Une phrase qui, 4 moins plus tard, prendra tout son sens !
L’heure de la confirmation
Avec cette parenthèse dorée de la semaine des As, la Chorale de Roanne a prouvé, si c’était encore nécessaire, qu’elle était capable d’enchaîner 3 matches de haut niveau en 3 jours.
Derrière les 3 meilleurs scoreurs du championnat, Dee Spencer, Marc Salyers et Aaron Harper, la « French team » emmenée par l’axe 1-5 composé de Marc-Antoine Pellin et de Pape Badiane et bien épaulée par l’un des meilleurs 6ème homme du championnat Laurent Cazalon, a montré que les « Suns » de Roanne, surnom donné par George Eddy, ne se résumaient pas seulement aux 3 US, aussi forts et décisifs soient-ils.
Hasard du calendrier, les Roannais retrouvent l’ASVEL Lyon-Villeurbanne en championnat, une semaine après la demi-finale de la semaine des As. Au terme d’un vrai bras de fer, la Chorale l’emporte 87-84.
Durant les 7 journées suivantes, les partenaires du Capitaine Pape Badiane qui devront se passer de Laurent Cazalon blessé et remplacé par le pigiste US Thomas Mobley, vont être aussi friables en déplacement avec des revers à Orléans (95-90), au Mans (75-66), au Paris Basket Racing (80-78) et à Besançon (89-74), qu’intraitables à domicile avec des succès contre Hyères-Toulon (104-83), Pau-Orthez (92-91) et surtout Nancy (91-80) avec un final comme seule la Halle Vacheresse peut en offrir. Menés 73-79, les Roannais poussés par une salle en ébullition vont terminer sur un 18-1 leur permettant de remporter ce match au sommet.
Sur la lancée de ce fabuleux final, la Chorale l’emportera ensuite à Dijon (86-98), face à Cholet (94-81), chutera lourdement à Chalon (102-76) avant de boucler la saison régulière sur 3 succès d’affilée contre Le Havre (96-86), à Clermont-Ferrand (81-85) puis face à Strasbourg (86-80) avec une belle prestation de Laurent Cazalon de retour de blessure.
Au terme de cette saison régulière, la Chorale termine 2ème avec un bilan de 24 victoires et 10 défaites.
Dee Spencer remporte logiquement le titre de MVP et termine également meilleur scoreur devant ses coéquipiers Marc Salyers et Aaron Harper. Marc-Antoine Pellin remporte le titre de meilleur défenseur et « last but not least » Jean-Denys Choulet est logiquement élu meilleur coach.
La Chorale dresse les barbelés pour débuter les playoffs
Au moment de débuter les playoffs, la Chorale fait clairement office de candidat légitime à la finale à Bercy et les jours suivants vont le prouver.
Après avoir sorti en 2 manches l’équipe de Cholet (60-68 à la Meilleraie puis 74-60 à Vacheresse), la Chorale a rendez-vous en demi-finale avec l’Elan Chalon et son fameux jeu « sans annonce ».
Face à une formation contre qui les Choraliens l’avaient emporté au buzzer à l’aller et avaient pris le bouillon au retour, la série s’annonce passionnante et le sera. Après avoir laissé Cholet à 60 points durant les 2 matches des quarts de finale, les Choraliens vont à nouveau mettre les barbelés pour entamer cette série au Colisée de Chalon-sur-Saône. Face à un Elan qui a dû batailler en 3 manches en quart de finale contre Le Mans, la Chorale repart de Chalon avec la victoire 66-76 et démarre idéalement cette demi-finale.
Dans une Halle en mode fournaise, la manche 2 démarre idéalement et les Choraliens mènent la vie dure aux Chalonnais qui sont déjà à -15 dans le 2ème quart-temps. Mais un homme va alors changer le cours du match, il s’appelle Terrell Everett. Totalement inarrêtable, le meneur US va réciter une partition impeccable et derrière lui c’est toute l’équipe de Gregor Beugnot qui se refuse à terminer la saison sur un « sweep ». L’Elan l’emporte 82-87 et pousse cette série passionnante à une belle qui le sera tout autant.
48 heures plus tard, les deux équipes se retrouvent donc dans une Halle André Vacheresse toujours aussi bouillante et au terme d’une véritable empoignade entre 2 équipes pratiquant un basket sublime, les Roannais s’ouvrent les portes de Bercy en dominant les Chalonnais 89-80 !!
Le public exulte, tous les Roannais (joueurs et staff) remercient les Chalonnais pour avoir offert un tel spectacle sur 120 minutes et la Chorale Nation peut prendre son billet pour Bercy où le SLUC Nancy, vainqueur de l’ASVEL Lyon-Villeurbanne en 2 manches, l’attend après avoir échoué à ce stade en 2005 et 2006.
Une date qui marquera l’Histoire du club
2 juin 2007, pour tous supporters Choraliens, cette date reste mythique. Face au SLUC Nancy, 1er de la saison régulière et double finaliste malheureux, la Chorale arrive sans aucune pression.
Le début de match est terrible pour Roanne, les Cougars prennent feu de toute part et mènent très vite de 16 points, 7-23 !! Pourtant, on a le sentiment que la Chorale n’est pas encore rentrée dans son match et que tout peut vite basculer. Grâce à une excellente dernière minute du second quart conclu par un 7-0 Roannais, la Chorale regagne les vestiaires avec seulement 9 points de retard, 30-39.
Pour beaucoup, le salut Choralien passe par un bon début de 3ème quart. La réponse sur le parquet sera cinglante : Dee Spencer, Aaron Harper et Marc Salyers règlent la mire à longue distance, Pape Badiane est en mode « aiguilleur du ciel » et contre tout ce qui passe et enfin Marc-Antoine Pellin distribue des caviars tous plus sublimes les uns que les autres.
La Chorale se libère, recolle au score et le coup de grâce sera donné par Laurent Cazalon, alors capot offensivement, qui inscrira un panier à 3 points « venu d’ailleurs » comme le dit George Eddy au micro de Canal +, et qui égalisera à 72-72.
Le SLUC ne s’en remettra pas et la Chorale finira le match sur un 9-2 pour boucler cette finale sur le score de 81-74 !!!
Marc Salyers est élu MVP et la Chorale de Roanne remporte son 2ème titre de Champion de France après celui de 1959.
Avec le 14ème budget et la 15ème masse salariale, la Chorale aura réalisé une saison incroyable avec ce doublé Semaine des As + Championnat et aura, comme l’a dit Jean-Denys Choulet « réconcilié le sport avec le sport ».
Durant de nombreuses années, ce titre sera resté comme le plus grand « exploit » du basket Français eu égard aux moyens financiers dont le club disposait. 6 ans plus tard, en 2013, la JSF Nanterre de Pascal Donnadieu réussira une performance tout aussi admirable avec, en plus, une philosophie de jeu proche de celle de Jean-Denys Choulet.
Pape Badiane à jamais dans nos mémoires
Je ne peux terminer cet article sans le dédier à la mémoire du Capitaine de cette Chorale 2007, Pape Badiane.
Celui que David Cozette surnommait le Poulpe, était un joueur unanimement apprécié et son décès brutal le 23 décembre 2016 a touché toute la France du basket.
Ce focus sur cette épopée 2007 lui est dédié, ainsi qu’à sa femme et ses enfants à qui nous pensons, bien évidemment.