La saison régulière 2019-2020 de l’Euroleague Women s’est achevée pour laisser place aux playoffs qui malheureusement ont dû être interrompus.
C’est l’occasion de revenir sur l’histoire et le fonctionnement de cette belle compétition européenne qui nous fait vivre d’incroyables moments de basket ! Pas étonnant, quand on sait que c’est le meilleur championnat du monde après la WNBA…
Un peu de contexte historique
L’Euroleague Women comptabilise un peu plus de 60 ans d’existence. Oui, on peut dire que c’est la grand-mère de la jeune WNBA de 24 ans seulement ! C’est en 1958 qu’est né ce championnat, à l’époque dénommé FIBA Women’s European Champions Cup. Il est géré par la FIBA Europe, à la différence de la Turkish Airlines Euroleague chez les garçons qui est géré par une société privée (source de conflits avec la FIBA justement…).
Cette compétition européenne a longtemps été dominée par l’URSS puis la Russie (ce qui est toujours le cas aujourd’hui d’ailleurs…). Pour faire simple, on peut diviser ces 60 ans en 3 grosses périodes de 20 ans :
60’s – 70’s : La suprématie du Dauvaga Riga (aujourd’hui TTT Riga)
Ce club de l’ex-URSS a littéralement dominé l’Euroleague pendant les 20 premières années avec 18 titres de championnes, quasiment consécutifs ! L’honorable club français de Clermont aura lutté à 4 reprises en finale dans les 70’s contre le mastodonte soviétique, mais en vain. C’est encore actuellement le club qui compte le plus de titres et devance largement les deux autres clubs les plus titrés que sont Vicence (Italie) et Ekaterinbourg (Russie) qui ne comptent “que” 5 titres. Le TTT Riga a encore un peu de marge avant de se faire rattraper.
80’s – 90’s : La parenthèse italienne
C’est durant ces années que l’Italie a connu ses heures de gloire. Différents clubs comme Turin, Priolo ou Côme, qui ont aujourd’hui déserté la compétition, peuvent tout de même compter un titre d’euroligue dans leur palmarès. C’est l’AS Vicence qui affiche le meilleur bilan avec 5 titres, comme Ekaterinbourg.
2000’s – 2010’s : Le come back de la Russie
La parenthèse italienne n’aura été que de courte durée puisque le rouleau compresseur russe a fait son retour et domine la compétition depuis le début du siècle ! Entre le Spartak de Moscou, le Dynamo Koursk et l’ogre Ekaterinbourg, il a été difficile de rivaliser ces 20 dernières années. Ce sont des clubs très structurés avec beaucoup de moyens, qui peuvent donc se payer les meilleures joueuses du monde.
La décennie tricolore
A cheval sur 2 périodes, de 97 à 2004, la France a aussi connu son âge d’or.
Les clubs de Bourges et Valenciennes étaient au sommet du basket européen à cette époque.
Bourges, qui vient d’entrer en Euroligue en 96, écrit l’histoire l’année suivante en devenant champion en 97. Une première pour un club français !
Les berruyères réitèrent l’exploit l’année suivante en 98 chez elles devant leur public. Mythique !
Elles sont finalistes en 2000 et perdent à l’issu d’un match très serré contre un club slovaque, mais reviennent en 2001 avec un nouveau titre de championnes. C’était d’ailleurs contre l’autre club français, Valenciennes, qu’elles remportent cette finale. Une finale franco-française unique dans l’histoire de l’Euroligue !
Valenciennes prend ensuite le relais de Bourges et décroche le titre en 2002, perd de peu en finale en 2003 et remporte son deuxième titre en 2004 avant de déserter la compétition.
On peut être fiers de ces performances remarquables, et espérer un retour prochain des françaises sur le devant de la scène européenne. Avec des clubs comme le Tango Bourges, le BLMA ou le LDLC Asvel, on a de quoi y croire !
Le fonctionnement
L’Euroleague Women se joue comme un championnat national classique : matchs de saison régulière, puis phase de playoffs. Elle a lieu en parallèle des championnats nationaux.
16 équipes évoluent en Euroligue chaque saison : 15 sont sélectionnées parmi les meilleures des championnats nationaux, et la 16è est la gagnante de la saison passée.
Pour la saison 2019-2020 par exemple, les 3 meilleures équipes de LFB ont pu y accéder : le Tango Bourges, le BLMA et le LDLC Asvel. La réglementation stipule que chaque fédération nationale peut inscrire 3 clubs au maximum, ce qui évite la sur-représentation d’un même pays.
Saison régulière
La compétition se divise en 2 poules de 8 qui se rencontrent dans la cadre de la saison régulière en matchs allers-retours (donc 14 matchs à jouer pour chaque équipe si vous suivez bien !).
Pour favoriser les nouvelles oppositions (car les équipes d’un même pays se rencontrent déjà dans le cadre de leurs championnats nationaux respectifs), le règlement interdit la présence de plus de 2 équipes d’un même pays dans une même poule ! C’est pour cette raison que Bourges, Montpellier et Lyon ne se retrouveront jamais dans le même groupe.
Exemple de composition des groupes saison 2019/2020 :
Playoffs
A l’issu de la saison régulière, on rentre dans les phases de playoffs ! Les choses sérieuses commencent…
- Les 2 dernières de chaque poule sont éliminées et l’Euroligue s’arrête pour elles.
- Les 5 et 6e sont éliminées aussi, mais elles intègrent les quarts de finale de l’Eurocup Women (la division 2 de l’Euroleague).
- Enfin, les 4 premières équipes de chaque groupe accèdent aux quarts de finale, et se rencontrent de la façon suivante :
Si une équipe termine 4ème, c’est bien, mais ça veut dire qu’elle rencontrera la meilleure équipe de l’autre poule en quarts. L’intérêt est donc de se placer le plus haut possible dans le classement pour ne pas tomber contre des grosses pointures dès les quarts de finale !
Petite particularité : les rencontres en quarts se jouent en 2 matchs gagnants. Il peut donc y avoir 2 ou 3 matchs, qui se jouent alternativement chez l’une et l’autre des 2 équipes. S’ensuivent les demi finales puis la finale qui, elles, se jouent en un match simple. La gagnante de la finale est sacrée championne de l’Euroleague Women et assure sa place pour la saison suivante !
What’s next ?
A l’heure actuelle, il n’est pas question de faire de l’Euroleague Women une ligue fermée.
Une ligue fermée est une compétition où les clubs sont en fait des entreprises franchisées, qui paient un droit d’entrée pour y participer. Il n’y a donc pas de possibilité d’entrée de nouvelles équipes d’une saison à l’autre, ou de relégation en niveaux inférieurs. Meilleurs exemples : la NBA et la WNBA.
C’est un modèle très américain (car ça génère du business évidemment), mais qui a tendance à s’exporter en Europe ! C’est le cas pour l’Euroleague chez les garçons (Turkish Airlines Euroleague), qui est actuellement une ligue semi-fermée et va probablement se fermer complètement.
Le débat est aussi d’actualité chez nos amis les footballeurs européens quant à la Ligue des Champions, et de manière générale pour toutes les grosses compétitions européennes.
En attendant, le changement c’est pas maintenant pour nos basketteuses européennes !