J’ai débuté l’arbitrage un peu par hasard, il y à 5 ans. J’avais des amis arbitres et ceux-ci m’ont poussé à faire la formation.
Celle-ci a duré quelques jours, un petit test écrit réussi et en route quelques semaines plus tard sur le terrain.
J’ai commencé à arbitrer en jeunes, pour ensuite gravir les échelons jusqu’en P1 hommes (1re division provinciale belge).
Les premiers temps étaient simples, mais quand une femme se retrouve dans un monde masculin, j’ai pu vite me rendre compte que cela ne plaisait pas forcément.
Le début des problèmes
J’ai d’abord apprécié ma vie d’arbitre, rare femme dans un monde d’hommes. Entre collègues, nous nous sommes toujours bien entendus et amusés. J’y ai même rencontré mon meilleur ami…
Mais ma montée en seniors m’a tout de suite prouvé que je devais faire ma place de femme dans ce monde plus souvent machiste qu’on ne le pense.
Lors d’une rencontre masculine, j’ai eu mes premiers gros problèmes : insultes de joueurs, provocation, etc.
C’est là que je me suis rendue compte que l’humain se laisse vite dépasser par ses émotions… S’en est suivi 2 exclusions avec rapport à la clé… et une sacrée frayeur !
Par la suite, j’ai continué à gravir les échelons, plus j’avançais et plus je me rendais compte du comportement déplacé et irrespectueux des joueurs, coachs, et du public…
Souvent rien de bien méchant : « retourne faire ta vaisselle », Mais parfois bien plus violent… Tellement que je n’ose même pas rapporter ces mots.
Prise de recul
La saison 2018/2019 à été le début d’un processus de recul pour moi.
Il y a d’abord eu la naissance de mon petit garçon. Je jouais encore également, et mes week-end à partir du vendredi était rythmés uniquement par le basket. Jouer le vendredi soir et siffler 5, 6, 7 parfois 8 rencontres sur le week-end. Physiquement c’était parfois difficile.
Cette année la j’ai eu la chance de siffler la finale dames de coupe du Hainaut en tant qu’arbitre principale.
Cette finale, et cela était inédit, était 100% féminine car nous étions deux femmes arbitres. Mais elle fut inédite également par le caractère complètement fou des supporters d’une des deux équipes. Tellement excessif, que lors de la mi temps, les organisateurs de l’événement ont dû placer des banderoles de sécurité au bord du terrain afin que ceux-ci ne puisse plus y monter.
Insultes, provocations, ballon renvoyé violemment des tribunes, cette rencontre était tellement tendue que les services de sécurité on dû intervenir. Cela s’est conclu par 4 exclusions et l’intervention de la police. Applaudis par nos collègues, et vivement félicité, nous avons été escorté jusqu’au podium.
Mettre des rapports lors de cette finale nous à conduit au conseil de discipline… là aussi, insultes, provocations, intimidations, menaces… lors de la fin de celui-ci nous avons dû partir rapidement en sortant en premier…
C’est à ce moment que je me suis rendue compte que cela n’en valait peut-être pas forcément la peine…
Cette saison-la j’ai dû mettre 12 rapports, dont 4 en finale, et le reste en saison dont un dernier pour tentative de coup de poing heureusement ratée…
La goutte d’eau
Après une fin de saison compliquée, j’ai finalement décidé de ralentir en arrêtant de jouer et en limitant mes disponibilités le week-end afin de siffler maximum 3 rencontres lors de la saison 2019-2020.
Il va de soi que les insultes autant dans la tribune (et parfois même par des personnes amies de la famille !) que sur le terrain ont continué, et de plus en plus souvent. Que ce soit sur le physique ou sur le fait que je sois une femme qui soi-disant « n’y connais rien »…
Les exclusions ont continué, les rapports se sont enchaînés, jusqu’à la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : les propos homophobes.
Je n’ai jamais rencontré de problème dans ma vie en ce qui concerne mon orientation, ni sur le terrain… mais cette fois-la cela a été fait !
Après une simulation d’un joueur, et suite à une faute technique, celui-ci a perdu pied et a commencé à m’insulter. S’en est donc suivi une exclusion et ce sans hésitation. Lorsque le joueur s’est rendu compte qu’il avait été exclu, il a couru vers moi, m’a hurlé dans les oreilles une masse d’insanités et m’a bousculé.
Lorsque j’écrivais ce qu’il s’était produit au dos de la feuille, celui-ci m’a regardé, et retenu par ses coéquipiers, m’a dit « espèce de sale lesbienne de m*** ».
Dans les tribunes, se trouvait ma compagne qui a également entendu des propos identiques du public, il s’en est suivi des disputes entre équipes dans les tribunes.
Après avoir exclus ces personnes, le match s’est terminé rapidement car il ne restait pas grand chose à jouer. En jetant un coup d’œil dans les tribunes j’ai vu ma compagne en pleurs et là je me suis dis que s’en était assez.
Je jette l’éponge
Le confinement est arrivé et je réfléchissais à la suite des chose. J’ai fait le bilan, et le négatif à pris le pas sur le positif.
On m’a souvent répété « Depuis quand tu t’occupes de ce que dises les autres… » car ce n’est pas dans mon caractère, et je répondais toujours « je ne préoccupe pas de ce qu’ils disent mais plutôt de ce qu’ils font… »
Après avoir essuyé plusieurs agressions, des tentatives de coups, des bousculades… j’ai décidé de ranger mon équipement, mes baskets et mon sifflet. Pas pour des paroles mais pour des actes. Avec le monde dans lequel nous vivons, j’ai eu la chance d’éviter de justesse des coups et autres… Je ne veux pas, je ne veux plus risquer mon intégrité physique pour du basket.
J’aurais souhaité faire quelque chose pour l’arbitrage féminin, pour le promouvoir. Malheureusement je n’aurai plus l’occasion de le faire…
Je reviendrai sur les parquets, grandie, plus sereine, mais en tant que joueuse.
Je remercie toutes les personnes qui ont été là pour moi, mes collègues, je leur dis bonne chance et courage.
Sans arbitre pas de match…
Soumare Ousmane
Vous savez Madame, ces genres d agissements dela part du public et des joueurs ou même de l encadrement technique sont universels. Je vous recommande de revenir et vous sortirez grandie. Je suis un arbitre et c’est en connaissance de cause que je vous parle. Tous mes encouragements et félicitations à vous.
herve dubos
bravo madame de votre témoinage j ai pratiqué le basket et fut arbitre