En 1992, j’étais coach de l’équipe nationale française masculine. La Dream Team alors invitée par le Prince Rainier de Monaco pour préparer les Jeux Olympique de Barcelone qu’elle allait disputer quelques jours après, a souhaité profiter du séjour pour se confronter aux défenses pratiquée en Europe et en particulier la défense de zone.
Les Américains ont alors sollicité le staff de l’équipe de France pour envisager un stage en commun où les Bleus ont servi de sparring partner à Michael Jordan, Magic Johnson et leurs coéquipiers. Chuck Daly m’a demandé de pratiquer les différentes formes de zone utilisées sur notre continent.
Dans nos 2 scrimmages en séquences sur demi-terrain, puis surtout pendant le match d’exhibition, j’ai été frappé par la simplicité avec laquelle ils ont attaqué la zone, en utilisant les fondements de l’attaque homme à homme. Ce qui naturellement pour moi a provoqué un déclic sur l’importance des fondamentaux individuels au basket.
Réalités et considérations personnelles sur l’attaque en basketball
Rétrospective historique
Au début de son histoire le Basketball a été surtout axé sur l’offensive, la défense n’étant que la phase passive du jeu car les joueurs espéraient l’échec des adversaires !
Les temps ont bien changé depuis et la structure défensive a acquis un rôle comparable et prépondérant dans « la partie », obligeant l’adaptabilité et l’évolution active et constante du domaine offensif.
Il est important de rappeler que depuis l’invention de « la Balle au panier » en 1891, l’attaque a toujours eu l’initiative dans le match malgré les mises en œuvre de ripostes agressives contestant les inspirations collégiales adverses, sans occulter pour autant « l’idéologie doctrinaire ».
Préalable exploratoire
Attaquer c’est déployer une activité pour marquer un panier et placer un joueur dans de bonnes conditions de tir, afin de résoudre avec méthode et énergie une difficulté posée par l’adversaire en établissant un rapport dominant numérique ou stratégique, individuel et collectif.
La prise en compte des variations successives des réductions des temps d’attaque
La règle des 24 secondes
Cette règle est en vigueur en NBA depuis 1954 ! Alors que la FIBA et donc la France ont adopté cette disposition en 1999, passant de 30 à 24 secondes et que dans les années 1970, la NCAA fleuron du basket universitaire américain, appliquait les 45 secondes puis 35, pour finir actuellement à 30 secondes depuis 2015 !
Ces mesures temporelles légales ont eu pour effet de créer un nouveau tempo dans le rythme de mise en pratique des schémas de jeu.
La règle des 8 secondes
Un autre facteur de temps apparu plus tard, relatif à l’obligation de franchir la première moitié du terrain en 8 secondes pour la NBA et la FIBA et 10 secondes pour la NCAA, a provoqué indirectement une accélération « des montées de balle en zone avant » et la prospection pertinente du jeu rapide et de transition.
Optimisation des capacités physiques et techniques individuelles
On constate parallèlement à ces dispositions réglementaires un développement optimalisé des capacités physiques et techniques individuelles, notamment l’affinement de l’adresse des joueurs dans le tir au panier, suite à l’augmentation des volumes quantitatifs et qualitatifs des séances d’entrainement, basées sur la puissance physique ainsi que la vitesse d’exécution spécifique et sa réactivité liée aux circonstances utilisables du jeu.
Créativité et inventivité
Ce phénomène vérifiable de la valorisation de l’action personnalisée se traduit dans les rencontres de basketball par des « prises d’initiatives décisionnelles » des joueurs ainsi que l’émergence d’attitudes comportementales créatives constatées dans le cadre des rapports communautaires, plus particulièrement au niveau du secteur « élite » masculin, imité depuis quelques saisons par son homologue féminin.
Le joueur n’est plus cloisonné dans une procédure tactique conservatrice mais ouverte et favorable aux inspirations élaborées, permettant la libération de l’expression technique de chaque protagoniste, conséquence de nouvelles stratégies où l’objectif préférentiel consiste à exercer une « pression offensive » constante sur le bloc des défenseurs.
Cette « inventivité » caractéristique modifie désormais l’approche philosophique de l’attaque et son concept traditionnel organisé autour de phases chronologiques reconnues et réalisées avec ordonnancement et méthodologie.
La fin de l’attaque placée
Je suis profondément convaincu que la notion « d’Attaque Placée » ne me semble plus adaptée au contexte ainsi qu’au style de pratique actuelle, car le temps consacré « au placement » ralentit la cadence offensive et facilite l’installation et la mise en application des rouages et mécanismes défensifs !
Stratégie comportementale
L’analyse des attitudes et comportements offensifs et défensifs peut être assimilée à des rapports de coopération et d’opposition, afin de concevoir l’activité du basketball comme étant la conséquence d’un processus interactif.
Premium Offensive Stratégie
C’est l’aboutissement de ces considérations préliminaires liées aux constats comparatifs antérieurs qui m’ont permis dans la synthèse de mes enseignements d’extraire des « idées Force » sur la réplique de la problématique offensive et la recherche de simplicité et d’efficacité !
D’où la mise en évidence de la « Premium Offensive Stratégie » et son identification pragmatique (POS) ayant comme socle fondateur l’homogénéité du dispositif initial afin d’objectiver l’efficience de « l’assaut » collectif par rapport à deux intentions ciblées : le rendement et l’optimisation de la performance.
Le POS s’identifie d’abord par une occupation rationnelle de l’espace ludique en utilisant le même repère mnémotechnique que le « Plan d’Occupation du Sol » (terrain ou parquet).
L’étude de cet aspect rationnel est fondé sur la raison conforme au sens commun pratique, ainsi que la faculté de connaitre, comprendre, juger et agir.
La prise d’information des situations observables doit permettre à chaque acteur du jeu de pouvoir exprimer la meilleure prestation de son profil spécifique, du poste occupé, dans son champ perceptif proche, en corrélation avec ses partenaires.
Par conséquent je propose un dispositif logique évitant les « encombrements » spontanés et imprévus entre équipiers dans la zone restrictive et autorisant une mobilité individuelle plus cohérente.
Stratégie collective
On remarque de nos jours une similitude dans les mises en place organisationnelles à partir d’un « alignement 1/2/2 souple et évasé » utilisé dans le Haut Niveau du Basket Européen et Mondial auquel j’adhère car il est propice au déclenchement de « l’attaque primaire et prioritaire » qui se traduit par des actions de types simples (recherche du un contre un porteur de balle et non possesseur) dans l’espace offensif pénétrant avec un effet immédiat, car l’architecture défensive peut être soumise à un relatif retard dans l’investigation de sa stabilité opérationnelle.
La Premium Offensive Stratégie c’est aussi le choix d’un système 2/1/2 qui est la résultante de la nécessité d’occuper l’axe central car la défense gouverne ce couloir tactique fondamental.
Autour du Poste 5 « haut » gravitent les registres 1 et 2 (soutien) 3 et 4 (joueurs appuis). Dispositif plutôt inhabituel dans nos pratiques coutumières mais permettant la continuité d’actions de type simple évoquées dans l’attaque primaire, mais coordonnées aux combinaisons tactiques complexes et l’enchaînement de tâches à deux ou trois partenaires : Passe et va, Passe et suit, Pick and Roll, jeu à trois.
C’est à partir de la réalisation et la régulation agencée de ces fondements pré-collectifs que l’action des non porteurs éloignés du ballon prend toute son importance et sa signification.
Cette mobilité dans le jeu à l’opposé se justifie par la fixation et la « mobilisation » des défenseurs diminuant ainsi l’aide immédiate et permettant de légitimer la valorisation du « côté fort de l’attaque ».
L’observation effectuée sur les matches de niveau élevé corrobore le constat d’un relatif immobilisme des joueurs dans l’espace éloigné du porteur du ballon provocant des surnombres spontanés des défenseurs limitant la continuité structurelle de l’attaque.
Enfin le facteur du rebond est déterminant dans la finalité de l’attaque et se situe au niveau de la conquête de la balle après tir. Il doit comporter un plan tactique ainsi que des manœuvres plus précises à partir d’actions concrètes afin de participer (au phénomène d’appropriation) pour une deuxième tentative.
Cette démarche induit une pédagogie d’entrainement pour développer la motivation et l’agissement de reconquête et non le constat d’échec de la tentative de shoot et l’absentéisme relatif dans cette phase primordiale.
Les 5 principes de jeu de la Premium Offensive Stratégie
J’ai souhaité regrouper, dans un but pédagogique, les principes de l’attaque autour de la lettre P. Je vous expose 5 principes à l’image des 5 joueurs sur le terrain, déclinés en 5 P.
- Prioriser les situations de surnombre dés la possession du ballon en privilégiant le jeu rapide et la transition succincte car passage à l’attaque Primaire 1/2/2
- Occuper l’espace offensive rationnel 2/1/2 sur demi terrain et valoriser les actions technico-tactiques de type complexes (Prioritaire)
- Développer la mobilité entre non porteur du ballon à l’opposé afin de faciliter l’exploration du côté fort (continuité du jeu à deux et à trois) Principal
- Réorganiser les fondements de la conquête du ballon après tir (éduquer la notion du mental performant dans la recherche du deuxième shoot (Préférentiel)
- Établir les principes de déroulement de la phase de transition défensive active (Permutation des statuts attaquant/défenseur avec repérage instantané et contrôle des adversaires)