Sur la place des Quinconces à Bordeaux, l’équipe 3×3 Paris a remporté ce samedi son premier tournoi sur le circuit mondial. Au terme de deux jours parfaits, ils espèrent voir en ce trophée un véritable déclic pour le 3×3 masculin français à un an des Jeux de Paris.
Comme une délivrance. Un an tout pile après sa création, 3×3 Paris glane son premier trophée sur le circuit. Le premier également pour une équipe masculine française. La joie consécutive au panier de la gagne inscrit par Franck Séguéla, MVP du tournoi, en finale est significative. Joueurs et staff s’enlacent dans un mélange d’extase et de soulagement. « C’est le premier titre c’est trop bien ! s’enthousiasme le coach Karim Souchu. Celui-là on l’attend depuis un moment ! Les quatre gars ont tous apporté. Il le méritent, on bosse dur depuis un an et demi ». Vainqueurs de Miami en finale (18-21) du Challenger bordelais, Franck Séguéla, Vincent Fauché, Léopold Cavalière et Alexandre Aygalenq brisent le plafond de verre.
Jusqu’alors, ils n’avaient jamais atteint une finale de Challenger. Comme à Clermont-Ferrand ou plus récemment à Fribourg, le collectif français était parfois tout proche d’atteindre ce cap. En vain. Mais ce week-end dans la cité girondine, ils étaient en mission. « On faisait de belles performances sur les Challengers car on est allés de nombreuses fois en demi-finale mais on s’arrêtait souvent à ce stade explique Vincent Fauché. C’était frustrant car le scénario se répétait, on a conjuré le sort et maintenant on va essayer de répéter ce genre de performances ».
Dès la phase de poules, les Français avaient fort à faire avec Riga (6e au ranking mondial) et Hangzhou qui sortait d’une quatrième place au Challenger de Novi Sad. Cela s’est vérifié avec un succès 22-16 puis une défaite face à la formation chinoise 21-19. Pour autant, les Français sortaient premiers de leur poule. « On avait un tableau un peu favorable, c’était important de finir premier de notre groupe pour ne pas retrouver les Serbes en ¼ ou ½ détaille Souchu. C’est ce qui s’est passé et derrière on est restés consistants ». Une première place loin d’être anodine puisqu’elle permettait de ne pas être dans la même partie de tableau que l’équipe serbe d’Ub, numéro une mondiale. Vainqueur sans trembler de Düsseldorf en 1/4, Paris a écarté Futian en ½ pour retrouver Miami en finale, tombeur surprise d’Ub dans l’autre ½.
« Dans une certaine continuité »
Dans une finale épique, Paris a pris le meilleur en s’appuyant notamment sur un Alex Aygalenq en feu. Avec quatre paniers à deux points au compteur, l’Agenais est sorti de sa boîte au meilleur moment. « Le premier système qu’on fait est fait pour moi pour que je prenne le tir se remémore-t-il. Il est bien exécuté. Ils font la défense qu’on attendait, ça me laisse le tir ouvert dans l’axe. Ensuite on récupère la balle rapidement, j’ai un pick, je me resitue dans l’axe et je mets le deuxième. A partir de là ça nous libère tous. Après j’ai d’autres tirs plutôt ouverts qui arrivent plus tard dans le match et voilà, c’est mon taff de les mettre ».
Une bonne journée au boulot, en somme. Si Aygalenq a pris la lumière à la faveur de sa splendide finale, ses trois autres coéquipiers ont su briller à d’autres moments. « Tous les joueurs ont été importants, à un moment donné Franck a été énorme sans lui je ne pense pas qu’on passe les poules » reprend l’ancien joueur de Boulazac. Signe que cette équipe ne cesse de progresser, elle bat en finale une équipe de Miami qui l’avait éliminée en demi-finale de la Coupe du Monde en juin à Vienne (les équipes de Miami et Paris sont peu ou prou celles des Etats-Unis et de la France ndlr). « Miami, on perd contre eux d’une possession à la Coupe du monde embraye Souchu. On progresse, c’est très bien. Chacun est resté dans son rôle et a apporté au moment où il fallait. Au niveau défensif on s’est pas trop troués ».
Pour une fois, Paris a pu disputer l’intégralité d’un tournoi à quatre joueurs ce qui n’a plus été si souvent le cas ces dernières semaines. Les Français ont clairement joué de malchance avec la blessure de Jules Rambaut à Clermont, d’Alex Vialaret au Masters de Marseille et celle de Paul Djoko.
« Depuis la prépa Coupe du Monde on a eu énormément de galères entre les blessés, ceux qui ont été pris par le 5×5, on a eu pas mal d’échéances compliquées à préparer rembobine Aygalenq. Moi j’ai été blessé pendant 3 mois. Il y a eu beaucoup de modifications sur qui devait faire quel tournoi. J’ai été envoyé sur les Jeux Européens avec Clément Cavallo, Mathéo Cauwet et Arthur Bruyas on avait jamais joué ensemble alors qu’en même temps il y avait Versailles et Paris sur des Challengers. On a fait beaucoup de tournois à 3, malgré tout en faisant des résultats en allant chercher nos qualifications pour quelques Masters ».
Effectivement, les derniers résultats étaient encourageants avec une quatrième place à Netanya en Israël et une troisième place à Fribourg. Un début de mois de juillet probant. « C’est dans une certaine continuité explique le coach. La prochaine étape c’est d’être réguliers, d’aller souvent en ¼, en 1/2 , en finale. On sait qu’on a une équipe qui peut souvent aller sur les finales ».
Le déclic nécessaire ?
A présent, ce premier trophée doit servir de tremplin pour 3×3 Paris. Même si le travail abattu par le groupe et le staff commence à être crédibilisé sur le circuit, une victoire ne va faire qu’accélérer le processus. « Ça montre que quand tu as un groupe qui travaille ensemble tu peux gagner » se réjouit Souchu.
« C’est une grosse satisfaction développe Fauché. Ça vient récompenser le travail effectué depuis un an maintenant avec tout le groupe et le staff, la grosse préparation physique du début d’année avec Laurent Hernu nous a beaucoup apporté. J’espère que ça va être le déclic pour passer ce cap sur les Challengers et Masters à venir ». A un an des JO de Paris, cette victoire est un point d’étape important pour le 3×3 masculin français, qui espère bien sortir de l’ombre des féminines. « C’est bien aussi pour nous ça montre qu’il y a du level en filles ET en garçons savoure Souchu. On est un peu dans l’ombre des filles parce qu’elles sont quasi à la première place mondiale. Nous on existe aussi ».
Cerise sur le gâteau, la victoire offre à Paris son billet pour le Masters de Cebu. Les bons résultats des dernières semaines vont permettre à Paris de disputer trois Masters d’ici fin septembre avec Prague début août, Debrecen fin août et donc Cebu fin septembre. Autant d’occasions de continuer à engranger de l’expérience sur la scène internationale, à un échelon supérieur (les Masters apportent plus de points que les Challengers ndlr).
Mais le collectif français ne le sait que trop bien, il faut désormais vite se projeter sur la suite, le circuit mondial ne laisse que peu de répit. « Dès le prochain tournoi, les compteurs sont remis à 0, il y a vraiment un gros niveau sur chaque tournoi, donc à nous de tirer notre épingle du jeu » conclut Vincent Fauché. Même si cela n’a pas empêché 3×3 Paris de célébrer comme il se doit ce titre dans la nuit bordelaise samedi soir, avec Alex Vialaret le local en chef de file…
Thomas Palmier