Laetitia Guapo, Migna Touré, Ana Maria Filip, Marie-Eve Paget, Caroline Hériaud… Ces noms ne vous disent rien ? Impossible. Ces joueuses françaises de basket, évoluant dans les championnats français et européens en classique 5×5, sont devenues des incontournables de la discipline en plein essor de ces dernières années : le basket 3×3.
Cette autre façon de jouer au basket ne cesse de se développer en France mais aussi à l’international, et connaît un franc succès. Pour preuve, la pratique est devenue officiellement une discipline olympique et figurera au programme des JO de Tokyo en 2021 ! De quoi en faire rêver certaines…
Mais qu’est ce que le basket 3×3 ? Pourquoi est-il devenu si populaire ? Que faut-il savoir sur le basket 3×3 féminin ? C’est parti pour un éclairage !
Le 3×3, petit frère hyperactif du 5 contre 5
Comme son nom l’indique, le basket 3×3 se joue à 3 joueurs contre 3 (pas de surprise jusque là). Mais ce n’est pas le seul critère qui le différencie du jeu standard à 5 contre 5.
Le 3×3 se pratique sur un demi terrain (11m de profondeur sur 15m de large) avec un unique panier pour les deux équipes, et un ballon officiel de même taille pour les filles comme pour les garçons permettant la mixité des équipes.
Les deux équipes ont le droit à 3 joueurs et un remplaçant, ce qui ne laisse que peu de temps de repos comparé au 5×5. Cependant, un match de 3×3 dure moins longtemps : 10 min seulement et parfois moins puisque le match s’arrête dès que l’une des deux équipes atteint 21 points.
D’ailleurs, les points ne se comptent pas de la même manière qu’au 5×5 : un classique panier à 2 points n’en vaut qu’un seul, et un panier à 3 points n’en vaut que 2.
Enfin, toutes les remises en jeu se font directement sur le terrain suite à un check-ball entre l’attaque et la défense. (Pour celles et ceux qui voudraient tout le détail du règlement du basket 3×3 c’est par ici).
Au delà des règles, ce qu’il faut surtout retenir du 3×3, c’est son caractère particulièrement explosif.
Un match de 3×3, c’est un sprint. Les temps d’arrêts de jeu sont minimes, et l’équipe en attaque n’a que 12 secondes de possession pour aller shooter.
Les systèmes de jeu sont simples, courts, et réalisés avec intensité. Avis aux joueuses qui voudraient s’y mettre : travaillez votre cardio !
Enfant de la street devenu grand
Si l’essor du 3×3 (et surtout sa structuration) est récent, ses origines sont plus anciennes.
Depuis les années 80, amateurs et amatrices de basket y jouent de manière informelle, entre amis, principalement sur les terrains extérieurs publics des villes, puis sur des « playground », construits dans les années 90 pour permettre aux jeunes, toujours plus nombreux, de jouer au basket librement et sans contrainte.
Le 3×3 est donc à l’origine un sport de rue, accessible à tous, qui se pratique hors cadre fédéral. Il s’est répandu à une époque où la NBA est de plus en plus suivie et populaire (y compris en France), surtout auprès des jeunes. Ces derniers vont se ruer sur les fameux playgrounds pour imiter les moves de Jordan et autres actions spectaculaires des joueurs américains.
On retrouve aujourd’hui dans le 3×3 ce style de jeu « spectacle », avec des confrontations en « one to one », des gestes techniques et des shoots instinctifs. Le but : se faire plaisir (et impressionner la galerie).
En plus de la culture américaine, c’est la culture urbaine qui caractérise le 3×3 (initialement « streetball »).
Les années 90 voient se développer de nouvelles formes d’arts comme la musique hip hop ou les graffs, qui imprègnent directement l’univers du basket de rue. Ces influences perdurent dans le 3×3 moderne : les tournois sont organisés en extérieurs, au coeur des villes (grâce à des terrains amovibles et faciles à monter), et toujours en musique !
De toute évidence, le 3×3 n’a rien à voir avec le basket classique fédéral… et c’est toute la problématique.
Au début mal perçu par les institutions « traditionalistes » du basket, les fédérations (FIBA d’abord, puis les fédérations nationales) voient vite un intérêt à intégrer la pratique à leur offre, de manière complémentaire au 5×5.
Populaire chez les jeunes, moderne, simple, fun : le 3×3 a tout pour plaire. Mais il a fallu réfléchir à un moyen de l’encadrer tout en conservant ses propres codes et son essence libertaire.
La marque 3X3 est finalement créée en 2011 par la FIBA, qui organise dès 2012 le premier tournoi international de 3×3, suivie par les fédérations nationales qui organisent leurs tournois régionaux et nationaux. Depuis, le nombre de pratiquants ne cesse de se multiplier.
La consécration arrive en 2020 (enfin 2021 #coronavirus) avec l’arrivée de la discipline aux JO de Tokyo. Le 3×3 est en bonne passe de devenir aussi populaire que ses cousins le beach volley et le foot à 5.
Compétitions en France
Côté compétitions, là aussi le 3×3 a ses particularités. Il y a bien un championnat de 3×3 calqué sur le modèle classique du 5×5, réservé aux joueurs et joueuses en club licencié.e.s à la FFBB, qui se joue toute l’année, comme une saison régulière. Mais il y a aussi (et surtout) un circuit (ou ligue) ouvert à tous : la Superleague 3×3 GRDF.
Elle fonctionne sous forme de tournois, qui ont lieu principalement l’été pour permettre, entre autres, aux joueurs et joueuses de 5×5, occupé.e.s par la saison régulière (de septembre à mai en général), de participer. Chaque participation à un tournoi permet aux joueur.euses de cumuler individuellement des points, afin de gagner des places au classement FIBA.
Oui, le 3×3 est un sport individuel qui se joue en équipe ! Mieux on est classé, plus on a de chances d’être sélectionné pour participer aux tournois de niveaux plus élevés avec des coéquipier.ères de même rang.
Concrètement, la Superleague organise 3 sortes de tournois dits « opens » :
- Les Opens Start : n’importe qui peut y participer, à condition de s’inscrire en ligne en créant son profil auprès de la FIBA 3×3. Il suffit de monter une team avec 3 ou 4 personnes (mixité acceptée !), trouver un nom d’équipe et choisir un tournoi près de chez soi ! Pour tous ceux qui voudraient se lancer, c’est par ici !
- Les Opens Plus : ces tournois sont accessibles aux joueurs et joueuses ayant accumulé un certain nombre de points au classement FIBA (via les Opens Start notamment). Cette fois il n’y a plus de mixité : tournois féminins d’un côté, et masculins de l’autre. Le niveau est plus dur, l’objectif étant de se qualifier pour l’open de France.
- L’Open de France : c’est le tournoi le plus élevé, qui a lieu en toute fin de “saison” Superleague 3×3, et qui rassemble les meilleures équipes des Opens Plus. On retrouve une partie du gratin du 3×3 français, pour le plus grand plaisir des spectateurs !
Le système de la Superleague 3×3 GRDF en France est le même à l’étranger (Plaza 3×3 CaixaBank en Espagne, ING 3×3 en Allemagne, etc). Mais le 3×3 ne s’arrête pas aux frontières nationales…
Le 3×3 abroad
Depuis 2012, la FIBA organise des rencontres internationales : la FIBA 3×3 World Cup (femmes et hommes) et depuis 2019 la FIBA 3×3 Women Series dédiée aux femmes (FIBA 3×3 World Tour pour les hommes).
La World Cup est réservée aux équipes pro (licencié.es), et les WS et WT sont ouverts aux meilleures équipes de 3×3, issues des circuits nationaux (dont la Superleague en France). Ces fenêtres internationales sont toujours très attendues par les joueurs.euses ainsi que le public qui assiste à un véritable show à chaque événement.
Les françaises sont des habituées de la 3×3 World Cup. C’est une des rares nation à avoir participé à toutes les éditions depuis 2012 sans exception.
Et non seulement elles participent, mais en plus elles ramènent des médailles : L’argent en 2012 en Grèce (avec notamment la présence d’Helena Ciak dans l’équipe, face à Bria Hartley côté USA lors de la finale) et le bronze en 2018 aux Philippines et 2019 aux Pays-Bas.
Ce palmarès fait de la France le 3è pays le mieux titré derrière les Etats-Unis (2 Or et 1 Bronze) et la Russie (1 Or et 2 Argent).
A ce palmarès s’ajoutent également 2 médailles d’Or gagnées par les françaises lors des deux derniers championnats européens (2018 en Roumanie et 2019 en Hongrie), ainsi qu’une première place à la première édition des Women Series l’été 2019 (Migna Touré a d’ailleurs été élue MVP du circuit). Plutôt pas mal !
Ces performances confirment la montée en puissance des joueuses françaises depuis 2 ans sur la scène internationale. En témoigne le classement individuel FIBA qui compte 4 françaises dans le top 6, avec un podium tricolore :
Cette dynamique donne bon espoir à la France d’envisager une médaille olympique aux JO de Tokyo, pour la grande première du 3×3 dans cet événement planétaire.
Il faudra cependant d’abord passer par l’étape de qualification avec le Tournoi de Qualification Olympique (TQO), reprogrammé en Mai 2021 en Autriche suite à l’annulation du TQO initial qui devait avoir lieu en Inde en Avril 2020.
Le ticket pour Tokyo n’est pas gagné d’avance : il va falloir se battre, en particulier contre les Etats-Unis (encore et toujours), pour décrocher une place et faire partie des 8 équipes qui participeront à la compétition tant convoitée.
Avec une bonne préparation et une détermination dont elles ont le secret, les filles ont toutes leurs chances d’y arriver !
Rendez-vous en mai 2021 pour supporter les Bleues !